21 janvier, 2025

Willy RONIS, un regard humaniste


Willy RONIS est né à Paris le 14 août 1910 ; il est l'un des représentants les plus importants de la « photographie humaniste » aux côtés de Robert Doisneau et Édouard Boubat. Il a reçu plusieurs distinctions, dont le Grand Prix national de la photographie en 1979 et le Prix Nadar en 1981.

Il est le fils de Emmanuel Ronis, un émigré juif d’Odessa en Russie, qui arrive à Paris en 1904, et de Tauba Ida Gluckman, une pianiste juive lituanienne, qui s’installe à Paris en 1899, fuyant la barbarie des pogroms russes.


Pour ses 15 ans, son père lui offre son premier appareil photo ; un appareil photo était très cher pour la plupart des gens ; les appareils photographiques de cette époque étaient fabriqués à la main et nécessitaient des matériaux coûteux. Un appareil photo comme le Leica I, devenu populaire à partir de 1927, coûtait environ 160 Reichsmarks, ce qui équivaut à environ 70 dollars américains de l'époque, soit environ 1 600 francs français. C'était un investissement important pour beaucoup de personne, surtout si l’on considère le salaire moyen d'un ouvrier en France ; un ouvrier gagnait environ 2,30 francs par jour, soit un salaire d’environ 550 francs par mois pour une semaine de travail de 6 jour !
De nombreux photographes affirment avoir rêver tout jeunes devenir de vrais professionnels, mais pas Ronis…. IL avait vu son père travailler trop dur, sans dimanche, sans vacances, sans être présent pour sa famille. Emmanuel Ronis, devenu photographe à son compte, ne pouvait plus continuer seul, car trop malade. Willy a donc dû le seconder. Il était pourtant doué pour le dessin et la musique mais il n’a pas pu dire « non » à ce père qu’il aimait infiniment.

Par amour filial et par nécessité, il a repris le magasin en 1936 ; et à la mort de son père, il est devenu photographe indépendant…. Pour vivre.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Ronis a vécu une période difficile. Pourtant, malgré les restrictions et les dangers, il a continué à photographier la vie quotidienne à Paris, sous l'occupation allemande : des rues désertes, des gens dans les abris anti-aériens, des moments de résistance.

Puis en 1941, il a quitté Paris, pour « des raisons raciales ».

Ronis s’est alors impliqué dans la Résistance française, aidant à transmettre des informations cruciales et à documenter les atrocités commises par les nazis. Après la guerre, ses photographies ont joué un rôle important dans la reconstruction de l'identité française et dans la mémoire collective de cette période sombre.

Doté d’un caractère bien trempé, Ronis aime à dire qu’il a une « déontologie particulièrement chatouilleuse. » Il ne vend pas ses clichés pour n’importe quelle cause…

Ses photographies sont appréciées pour leur poésie et leur profonde humanité ; Willy Ronis, photographe humaniste, au même titre que Robert Doisneau ou Henri Cartier-Bresson, utilise souvent la rue comme scène principale, créant des images poétiques et sincères, souvent caractérisées par une forte narration visuelle et une empathie profonde pour ses sujets.

La photographie humaniste est un courant photographique né en France, surtout après la Seconde Guerre mondiale. Ce mouvement se distingue par son intérêt pour la vie quotidienne et les gens ordinaires, capturant des moments simples, spontanés et souvent émouvants. Les photographes humanistes cherchent à montrer la beauté de l'humanité dans des scènes de la vie courante, mettant en avant la dignité, la fragilité et l'humour de leurs sujets.

Bien évidemment, la photographie humaniste et la photographie de rue sont étroitement liées. La photographie de rue consiste à capturer des scènes spontanées de la vie quotidienne dans les espaces publics, où les photographes cherchent à immortaliser des moments naturels et non posés, révélant la beauté, l'humour ou la tragédie des situations ordinaires.

La photographie humaniste utilise souvent la photographie de rue comme un moyen de montrer l'humanité dans sa forme la plus authentique. En photographiant des personnes dans leur environnement quotidien, les photographes humanistes créent des images qui racontent des histoires émouvantes et universelles, des œuvres qui sont à la fois des documents historiques et des œuvres d'art.

Alors, oui, Ronis rêvait d’être compositeur ; mais, tout comme la musique qui transforme des sons en émotions et raconte des histoires, la photographie utilise la lumière, les couleurs, les formes et les compositions pour créer des œuvres uniques.

Un photographe, à l’instar d’un musicien, interprète le monde à travers sa propre sensibilité. Il choisit son « instrument » – l’appareil photo – et s’en sert pour exprimer une vision, une émotion, un message. La photographie ne se limite pas à appuyer sur un bouton ; elle demande une maîtrise technique, un regard artistique et une capacité à transmettre un ressenti.

Comme la musique, la photographie touche au cœur de nos émotions. Une image peut nous transporter dans un autre univers, évoquer des souvenirs, ou même nous faire réfléchir sur notre place dans le monde. Elle capte l’éphémère, immortalise l’instant, et, à travers sa beauté ou sa singularité, nous invite à regarder autrement. La photographie, c’est aussi une « histoire de musicalité ».

Les photographies de Willy Ronis sont des œuvres d’art intemporelle, capables de résonner à travers les âges.

Willy Ronis a principalement utilisé des appareils comme la Rolleiflex et la Leica. La Rolleiflex, un appareil à format carré, était particulièrement populaire parmi les photographes humanistes pour sa qualité d'image et sa robustesse. La Leica, quant à elle, était appréciée pour sa portabilité et sa capacité à capturer des moments spontanés dans la rue.

Ces deux appareils lui ont permis de créer des images saisissantes et intemporelles qui capturent l'essence de la vie quotidienne à Paris et en Provence.

Pour en savoir plus :

Grands Photographes - Prix et Recompenses Photographiques

Willy Ronis : «La photographie exhibitionniste me dérange»

Willy Ronis : capturer l’âme parisienne - La poésie au quotidien

RONIS Willy - Maitron

Willy Ronis, l’instant du déclic (1910-2009) | France Culture

Willy Ronis : scènes de grèves : épisode 2/3 du podcast L’éco dans l’œil des photographes | France Culture

Cinq photos préférées - Willy Ronis - Photophile occasionnel

Zoom photographe : Willy Ronis, l’œil humaniste

Willy Ronis : «La photographie exhibitionniste me dérange»

Willy Ronis - Biography | Peter Fetterman Gallery

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