Willy
RONIS
est né
à Paris le 14 août 1910 ;
il est l'un des représentants les plus importants de la
« photographie
humaniste » aux côtés de Robert Doisneau et Édouard Boubat.
Il a reçu plusieurs distinctions, dont le Grand Prix national de la photographie en 1979 et le Prix Nadar en 1981. Il
est
le fils de Emmanuel Ronis, un émigré juif d’Odessa en
Russie, qui arrive à Paris en 1904, et de Tauba Ida
Gluckman,
une pianiste juive lituanienne,
qui s’installe à Paris en 1899, fuyant la
barbarie des pogroms russes.
Pour
ses 15 ans, son père lui offre son premier appareil photo ; un
appareil photo était très
cher pour la plupart des gens ; les
appareils photographiques de cette époque étaient fabriqués à la
main et nécessitaient des matériaux coûteux. Un
appareil photo comme le Leica I, devenu populaire à partir de 1927, coûtait environ 160
Reichsmarks, ce qui équivaut à environ 70 dollars américains de
l'époque,
soit
environ
1
600 francs français.
C'était un investissement important pour beaucoup de personne,
surtout
si l’on considère
le salaire moyen d'un ouvrier en France ; un ouvrier gagnait
environ 2,30
francs par jour, soit
un salaire
d’environ
550
francs par mois
pour une semaine de travail de 6 jour ! De
nombreux photographes affirment avoir rêver tout jeunes devenir de
vrais professionnels, mais pas Ronis…. IL avait vu son père
travailler trop dur, sans dimanche, sans vacances, sans être présent
pour sa famille. Emmanuel Ronis, devenu photographe à son compte, ne
pouvait plus continuer seul, car trop malade. Willy a donc dû le
seconder. Il était pourtant doué pour le dessin et la musique mais
il n’a pas pu dire « non » à ce père qu’il aimait
infiniment.
Par
amour filial et par nécessité, il a repris le magasin en 1936 ;
et à la mort de son père, il est devenu photographe indépendant….
Pour vivre.
Pendant
la Seconde Guerre mondiale, Ronis a vécu une période difficile.
Pourtant, malgré les restrictions et les dangers, il a continué à
photographier la vie quotidienne à Paris, sous l'occupation
allemande : des rues désertes, des gens dans les abris
anti-aériens, des moments de résistance.
Puis
en 1941, il a quitté Paris, pour « des raisons raciales ».
Ronis
s’est alors impliqué dans la Résistance française, aidant à
transmettre des informations cruciales et à documenter les atrocités
commises par les nazis. Après la guerre, ses photographies ont joué
un rôle important dans la reconstruction de l'identité française
et dans la mémoire collective de cette période sombre.
Doté
d’un caractère bien trempé, Ronis aime à dire qu’il a une
« déontologie particulièrement chatouilleuse. » Il ne
vend pas ses clichés pour n’importe quelle cause…
Ses
photographies sont appréciées pour leur poésie et leur profonde
humanité ; Willy Ronis, photographe humaniste, au
même titre que Robert Doisneau
ou
Henri Cartier-Bresson, utilise souvent la rue comme scène
principale, créant des images poétiques et sincères, souvent
caractérisées par une forte narration visuelle et une empathie
profonde pour ses
sujets.
La photographie
humaniste est un courant photographique né en France, surtout après
la Seconde Guerre mondiale. Ce mouvement se distingue par son intérêt
pour la vie quotidienne et les gens ordinaires, capturant des moments
simples, spontanés et souvent émouvants. Les photographes
humanistes cherchent à montrer la beauté de l'humanité dans des
scènes de la vie courante, mettant en avant la dignité, la
fragilité et l'humour de leurs sujets.
Bien évidemment, la photographie
humaniste et la photographie de rue sont étroitement liées. La
photographie de rue consiste à capturer des scènes spontanées de
la vie quotidienne dans les espaces publics, où les photographes
cherchent à immortaliser des moments naturels et non posés,
révélant la beauté, l'humour ou la tragédie des situations
ordinaires.
La photographie
humaniste utilise souvent la photographie de rue comme un moyen de
montrer l'humanité dans sa forme la plus authentique. En
photographiant des personnes dans leur environnement quotidien, les
photographes humanistes créent des images qui racontent des
histoires émouvantes et universelles, des œuvres qui sont à la
fois des documents historiques et des œuvres d'art.
Alors, oui, Ronis rêvait d’être
compositeur ; mais, tout comme la musique qui transforme des
sons en émotions et raconte des histoires, la photographie utilise
la lumière, les couleurs, les formes et les compositions pour créer
des œuvres uniques.
Un photographe, à
l’instar d’un musicien, interprète le monde à travers sa propre
sensibilité. Il choisit son « instrument » –
l’appareil photo – et s’en sert pour exprimer une vision, une
émotion, un message. La photographie ne se limite pas à appuyer sur
un bouton ; elle demande une maîtrise technique, un regard
artistique et une capacité à transmettre un ressenti.
Comme la musique,
la photographie touche au cœur de nos émotions. Une image peut nous
transporter dans un autre univers, évoquer des souvenirs, ou même
nous faire réfléchir sur notre place dans le monde. Elle capte
l’éphémère, immortalise l’instant, et, à travers sa beauté
ou sa singularité, nous invite à regarder autrement. La
photographie, c’est aussi une « histoire de musicalité ».
Les photographies de Willy Ronis sont des œuvres d’art intemporelle,
capables de résonner à travers les âges.
Willy
Ronis a principalement utilisé des appareils comme la Rolleiflex
et la Leica.
La Rolleiflex, un appareil à format carré, était particulièrement
populaire parmi les photographes humanistes pour sa qualité d'image
et sa robustesse. La Leica, quant à elle, était appréciée pour sa
portabilité et sa capacité à capturer des moments spontanés dans
la rue.
Ces
deux appareils lui ont permis de créer des images saisissantes
et intemporelles qui capturent l'essence de la vie quotidienne à
Paris et en Provence.
Pour
en savoir plus :
Grands Photographes - Prix et Recompenses Photographiques
Willy
Ronis : «La photographie exhibitionniste me dérange»
Willy Ronis : capturer l’âme parisienne - La poésie au quotidien
RONIS Willy - Maitron
Willy Ronis, l’instant du déclic (1910-2009) | France Culture
Willy
Ronis : scènes de grèves : épisode 2/3 du podcast L’éco
dans l’œil des photographes | France Culture
Cinq photos préférées - Willy Ronis - Photophile occasionnel
Zoom
photographe : Willy Ronis, l’œil humaniste
Willy
Ronis : «La photographie exhibitionniste me dérange»
Willy Ronis - Biography | Peter Fetterman Gallery